Vincent PIERRE, dirigeant du bureau d'études TERRAENERGIE
- 13 juillet 2014 -
Nous avons rencontré Vincent le 13 juillet 2014, chez lui où il nous a gentiment offert gîte et couvert. Nous avons échangé avec lui sur les projets qu’il a menés, qu’il va mener et également la vision qu’il avait de son travail et de l’état actuel du secteur du bâtiment en France.
Le bureau Terranergie est spécialisé dans l’éco-construction et éco-rénovation. Les ingénieurs du bureau d'études conçoivent, réalisent et assistent les maîtres d’ouvrages de la maison individuelle aux immeubles de plusieurs étages. Par exemple, ils ont réalisé un bâtiment passif (zéro énergie de chauffage) de huit étages. Jusque là rien d'extraordinaire, sauf qu'ici, les murs sont en bois et isolés en caissons de paille, c’est peu courant pour être noté. En outre, Vincent et son équipe a fait appel à des entreprises locales pour réaliser cette performance puisque la paille provient d'une entreprise de Moselle spécialisée dans l'isolation en paille et les caissons en bois ont été spécialement créés par un menuisier vosgien. Ils ont également prouvé qu'un bâtiment des années 1960-1970 peut être rénové selon cette performance passive et ainsi être extrêmement bénéfique pour ses occupants.
La philosophie de Vincent : s’affranchir des systèmes complexes et chercher l’efficacité dans la simplicité de fonctionnement. Cela ne veut pas dire qu’un bâtiment qu’il conçoit ne contient pas de technologies, mais il tente de travailler avec des systèmes connus, fiables et qui ne se court-circuitent pas les uns les autres. En effet, il est préférable d'investir le plus gros du budget dans l'isolation des murs, fenêtres et de ne pas oublier d'installer une ventilation performante plutôt que de tout dilapider dans des technologies de chauffage souvent complexes et chères bien qu’attrayantes par leurs innovations.
Des projets en France mais aussi
loin de nos frontières
Depuis peu, Vincent et son équipe travaillent sur un projet d’école au Sénégal.
Le challenge est d’ampleur puisqu'il faut gérer beaucoup de paramètres différents de la France. Évidemment, les aspects techniques sont différents, la prise en compte des facteurs énergétiques sont inversés, mais il y a également une différence culturelle forte. On ne construit pas un bâtiment de la même manière au Sénégal qu’en France. Par ailleurs, les envies sont différentes, les barrières légales et humaines aussi. L'exemple typique est qu'au Sénégal, les décideurs vont être vite tentés de porter leurs choix sur le béton qui paraît être un matériau novateur, plein d'espoir pour l'avenir de leur région. Cependant, la réalité est toute autre puisque ce choix incitera les constructeurs à s'orienter vers des entreprises maîtrisant déjà cette technologie et donc provenant du Nord. L'effet sera donc inévitable, les connaissances ne seront pas transmises aux entreprises locales et la dépendance envers ces groupes sera toujours présente.
L'idée est donc ici de réussir à convaincre les décideurs locaux de l'intérêt de construire selon des méthodes maîtrisées par les entreprises locales afin de permettre une réelle plus-value pour les populations locales qui pourront ainsi entretenir les bâtiments et donc éviter une dépendance envers le Nord pour favoriser davantage un échange équilibré de compétences et technologies entre le Nord et le Sud ou entre le Sud et le Nord.
Le rêve pour un monde durable de Vincent
« Un maximum d’inspiration pour un minimum de transpiration. »